Questions à Danielle Célestine Myrtil Marlin, coordinatrice du site Apprentis Chercheurs INRA Antilles-Guyane

 

Question : Danielle Célestine Myrtil Marlin, pouvez-vous vous présenter ?

Danielle CMM GuadeloupeRéponse :
J’ai intégré le Centre Antilles-Guyane de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) en 1983 au poste d’Ingénieur de Recherche pour y conduire des travaux sur la caractérisation et l’aptitude à la transformation agroindustrielle des matières premières tropicales, en particulier la canne à sucre. En 1992 je suis devenue Conseiller Technique du Président du Conseil Général de la Guadeloupe, puis Déléguée Régionale à la Recherche et à la Technologie (DRRT) de la Guadeloupe en 1999. J’ai été Présidente du Centre Antilles-Guyane de janvier 2005 à décembre 2012.

J’y occupe aujourd’hui la fonction de Chargée de Mission « Science et Société », et je suis responsable du projet du centre dans ce domaine pour la période 2014-2020.

 

Qu’est-ce qui vous a motivée à mettre en place l’action Apprentis Chercheurs  dans votre centre de recherche ?

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À travers les différentes fonctions exercées, j’ai pris conscience des importants besoins de transmission des connaissances entre le monde de la recherche et celui de l’éducation, afin de motiver les jeunes pour les sciences en les leur rendant accessibles.

En construisant le projet Science et Société du centre, j’ai identifié au niveau national et international des partenaires potentiels menant différentes actions de médiation scientifique ou de sciences participatives qui pourraient être mises en œuvre à l’INRA, et en particulier sur notre centre.

La rencontre en octobre 2012 avec Laurence Bénit, secrétaire de L’Arbre des Connaissances, m’a permis d’être mieux informée des actions de l’association. Le lien direct entre les chercheurs et les jeunes, qui caractérise l’action Apprentis Chercheurs, est ce qui m’a le plus intéressée. Cette opération offre aux scientifiques l’opportunité de partager leur quotidien avec des élèves « profanes », et à travers eux avec leurs parents, leurs camarades et leurs enseignants.

J’ai finalement mis en place l’action Apprentis Chercheurs en Guadeloupe durant l’année scolaire 2014-2015 avec 32 collégiens et lycéens et 20 encadrants, tous sur la base du volontariat. Le Centre INRA Antilles-Guyane est ainsi devenu le premier institut de recherche à développer l’action d’une part en agronomie et d’autre part en outremer. Les séances de travail se sont si bien passées que les encadrants comme les élèves en redemandaient !

 

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J’ai disposé pour cette mise en œuvre accélérée du soutien infaillible de l’équipe dirigeante de l’association L’Arbre des Connaissances et de Gabrielle Guillaume-Alexis, Inspectrice en SVT et également CARDIE (Conseiller Académique en Recherche-Développement, Innovation et Expérimentation) de l’Académie de la Guadeloupe.

 

 

J’ai effectué un travail passionnant d’animation et de coordination que j’ai beaucoup apprécié :
– Monter le projet avec Harry Ozier-Lafontaine, le Président et les collègues du centre, l’Inspectrice d’Académie, les chefs des établissements scolaires et les enseignants, etc ;
– Promouvoir l’action auprès des collègues dans les unités, et des élèves dans leurs établissements ;
– Adapter à notre contexte les outils développés par l’association ou en concevoir d’autres liés à nos domaines de recherche différents de ceux des précédents partenaires de l’action ;
– Trouver des solutions pour des questions inédites telles que l’organisation des transports des élèves entre les établissements scolaires et l’INRA ;
– Tester en vraie grandeur toutes les étapes jusqu’au congrès, etc.

 

Comment l’action Apprentis Chercheurs s’insère-t-elle dans les missions Science et Société de l’INRA ?

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Dans son document d’orientation 2010-2020,  l’INRA entend pour l’avenir :
– Amplifier son implication en faveur d’une science inscrite dans la société et consciente de ses enjeux ;
– S’impliquer dans de nouvelles formes de participation de la société aux dynamiques de recherche à travers des projets de science participative mobilisant et valorisant la contribution de non-scientifiques à la production de connaissances.

Les 32 Apprentis Chercheurs accueillis à l’INRA ont été effectivement intégrés à un projet de recherche participative concernant l’axe « Stratégies agroécologiques pour la compétitivité des agrosystèmes tropicaux » du schéma de centre. Ils ont été initiés à la démarche scientifique, et ont réalisé des expérimentations, de la collecte, de l’analyse ainsi que de l’interprétation de données, et ils ont exposé leurs résultats lors du congrès scientifique final.

Ils ont vécu une véritable expérience « d’immersion dans le monde de la recherche ».

 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le centre et les équipes qui accueillent les Apprentis Chercheurs ?

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Le Centre Antilles-Guyane est l’un des plus petits de l’INRA, qui en comporte 17. C’est le seul implanté en milieu tropical. Il compte 200 agents à temps plein dont 180 en Guadeloupe et 20 en Guyane et une cinquantaine d’agents contractuels. Il comprend 5 unités en Guadeloupe et 1 unité en Guyane.

 

 

Le site de Guadeloupe qui a accueilli les Apprentis Chercheurs présente une forte pluridisciplinarité interne et une grande complémentarité entre les unités qui le composent. Les orientations scientifiques du centre dans lesquelles ont été immergés les élèves sont les suivantes :
– La connaissance et la gestion de l’environnement, et des sols en particulier ;
– La caractérisation et la valorisation des ressources génétiques locales et de la biodiversité animale et végétale ;
– La protection intégrée contre les ennemis de cultures et les parasites animaux ;
– La conception de systèmes multi-espèces de culture et de systèmes d’élevage innovants, plus productifs tout en étant plus respectueux de l’environnement ;
– L’étude du fonctionnement socio-économique de l’exploitation agricole.

Le défi est de taille : il faut arriver à produire, en respectant l’environnement, des végétaux et des animaux en qualité et en quantité dans un milieu où il fait chaud et humide toute l’année. Alors que les ennemis des cultures, les parasites animaux, les espèces invasives… contre lesquels il faut lutter, se multiplient en zone tropicale beaucoup plus facilement que lorsqu’il y alternance hiver/été. Il reste donc beaucoup de travaux de recherche à mener… et donc la possibilité d’accueillir de nombreux Apprentis Chercheurs pour y participer.

 

 

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Remerciements à Mme Danielle Célestine Myrtil Marlin d’avoir répondu à l’interview.